Si Walter Benjamin en 1935 l'évoque comme homme allemand, c'est pour avoir su "sans gloire préserver l'honneur, sans éclat la grandeur, sans appointement la dignité". Malgré son effacement, Seume céda à ses amis et se plia à contrecoeur à la tâche de décrire sa vie, se jugeant seul dépositaire de son originalité. Lecteur passionné des ouvrages des Anciens, il fait de la sérénité une conquête permanente mais possible. L'époque n'est pas au lyrisme : observateur du monde, il y décèle les avatars de l'esclavagisme et de l'injustice. Puisant dans ses seules ressources morales, il s'efforce de surmonter les bouleversements personnels et ceux d'un pays où s'installe la domination napoléonienne. Le travail d'écriture accompagne dans l'ombre le refus d'un ordre établi inégalitaire. De l'autobiographie, écriture intime livrée au public, et ici dans sa première phase historique, s'extrait une individualité sans compromission. Prônant l'émancipation des tutelles dans la droite ligne des penseurs du XVIIIe siècle, cet esprit toujours en éveil est porté par une sensibilité aux choses les plus communes. Avec une ultime lettre à Wieland, dictée par une fidèle amitié, et un tout dernier récit de voyage, ces fragments d'une remémoration manifestent une foi en la seule humanité.
Johann Gottfried Seume Ordre des livres
Johann Gottfried von Herder fut un philosophe, théologien, poète et critique littéraire allemand dont l'œuvre a traversé les Lumières, le Sturm und Drang et le Classicisme de Weimar. Il a apporté des contributions significatives à la philologie, jetant les bases de la linguistique comparée et explorant l'origine et le pouvoir du langage. Les idées de Herder n'ont pas seulement façonné les mouvements littéraires, mais ont également influencé la pensée politique, soulignant le lien profond entre la langue et l'identité nationale.






- 2011
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Fin 1801, J. G. Seume, ancien militaire puis correcteur chez le fameux éditeur Göschen, part à pied vers Syracuse. Son récit sera dès sa parution en 1803 l’une des relations de voyage les plus populaires d’Allemagne. Témoignage d’un tard venu aux Lumières, intransigeant sur l’égalité et la justice, Seume dit la misère des populations et l’impéritie des puissants. Il écrit des réflexions d’ordre politique, social ou religieux dont la hardiesse stupéfia ses premiers lecteurs : il s’en prend au césarisme de Bonaparte, à la politique du Premier consul en Italie, en France et en Allemagne. Mais Seume sait également confier son humanisme amoureux de l’histoire ancienne, des belles lettres, des beaux-arts, du théâtre et de la musique.