Au tournant du siècle, alors que la Révolution russe s'apprête à éclater, deux courants s'affrontent au sein du socialisme en Allemagne, là précisément où Marx avait prédit la révolution prolétarienne. Le premier courant, dit " réformiste ", est incarné par Eduard Bernstein ; le second, " orthodoxe ", est représenté par Rosa Luxemburg et les spartakistes. A l'" opportunisme " bernsteinien qui prône une adhésion au pouvoir établi, Rosa Luxemburg répond par l'intransigeance des idéaux marxistes auxquels l'apogée du mouvement révolutionnaire russe en 1905 semble pour un temps donner raison. Ces deux textes retracent la controverse qui passionna les débats marxistes du début du siècle. Documents de référence à l'analyse du socialisme européen, ils décrivent à chaud les événements et le climat politique de la Russie révolutionnaire.
Rosa Luxemburg Livres
Rosa Luxemburg fut une théoricienne et philosophe marxiste influente, renommée pour sa critique passionnée de l'impérialisme et du capitalisme. Ses écrits présentent une analyse pénétrante des forces économiques et un accent sur l'action révolutionnaire comme moyen de changement social. Luxemburg a souligné l'importance de l'internationalisme et de la lutte des classes pour parvenir à une démocratie authentique et à la libération de la classe ouvrière. Son héritage perdure comme symbole de résistance radicale contre l'oppression.







En toute chose, Rosa Luxemburg répugnait à la tiédeur. S'emparant d'un fait divers (l'empoisonnement mortel d'une centaine de miséreux par de la nourriture avariée, dans un asile de nuit berlinois), Rosa Luxemburg dénonce, avec verve et passion, la logique d'un système qui assure dans le même temps la prospérité indécente d'une poignée de privilégiés et jette dans la misère noire une frange croissante du peuple. C'est un certain ordre social qui assassine. C'est l'indifférence générale qui en couvre les forfaits. Un texte d'une actualité brûlante. " Brusquement le spectre horrible de la misère arrache à notre société son masque de correction et révèle que cette pseudo-honorabilité n'est que le fard d'une putain. Brusquement sous les apparences frivoles et enivrantes de notre civilisation, on découvre l'abîme béant de la barbarie et de la bestialité. " (1912) Les "Lettres de ma prison" sont adressées à Sonia Liebknecht, la compagne de Karl Liebknecht.
Depuis quatre-vingts ans il n’existe pas d’article, de lettre, de brochure écrite par Rosa Luxemburg qui ait été l’objet de controverses aussi passionnées que les notes qu’elle rédigea en prison et qui furent publiées après sa mort sous le titre La Révolution russe.Cette révolution, dès ses débuts (révolution de février 1917), Rosa Luxemburg en souligne l’importance et houspille ses correspondants qui ne partagent pas son enthousiasme. « Les magnifiques événements de Russie agissent sur moi comme un élixir de vie. Je crains que tous autant que vous êtes, ne sachiez pas en apprécier l’importance » (à Martha Rosenbaum, avril 1917). « Ne comprends-tu pas que c’est notre propre cause qui triomphe là-bas ? » (à Luise Kautsky, 15 avril).Quand elle reçoit des nouvelles de la Révolution d’Octobre, elle écrit : « Les événements en Russie sont d’une grandeur et d’un tragique magnifiques. Le seul fait d’avoir tenté le coup est un fait marquant dans l’histoire du monde » (à Clara Zetkin, fin novembre).Ces notes sur la Révolution d’Octobre furent rédigées à l’automne 1918 sur un cahier d’écolier. Elles furent mises en sécurité en janvier 1919 au lendemain de l’assassinat de Rosa afin de les soustraire aux perquisitions de la police.
Ce choix de textes articule trois moments de la pensée de Rosa Luxemburg : l'analyse de la révolution russe, l'enrichissement de sa théorie de la révolution et l'élaboration d'une stratégie pour la révolution allemande et mondiale. Dès 1911, les dissensions entre Rosa Luxemburg et Lénine avaient suscité de vigoureuses altercations. Avec la guerre, ces divergences se révèlent fondamentales puisqu'elles opposent deux conceptions différentes de la révolution. " Source de lumière morale à l'Est " et démonstration de la possibilité d'une révolution prolétarienne, la révolution russe n'apparaît cependant pas à Rosa Luxemburg comme un modèle à imiter. Confrontation d'une théorie avec une expérience pratique, cette critique s'interroge au fond sur les perspectives d'une révolution mondiale. Rosa Luxemburg perçoit, dès 1918, les faiblesses du modèle de la Russie révolutionnaire, menacée par son isolement et son sous-développement, et ne conçoit le triomphe de la révolution qu'avec le réveil de la conscience du prolétariat allemand et, plus largement, européen.
Rédigée en 1915 en prison, La Crise de la social-démocratie, plus connue sous l'appellation de "Brochure de Junius", est complétée dans ce volume par les articles et discours du groupe Die Internationale (traduits pour la première fois) ainsi que les interventions de Rosa Luxemburg dans le cadre de l'Internationale socialiste. L'ensemble constitue un réquisitoire implacable contre la guerre et l'abandon du terrain de classe par la Ile Internationale. C'est aussi une exhortation lucide adressée au prolétariat à prendre toute la mesure de cette bifurcation historique que représente août 1914. Notre présent reste prisonnier de l'alternative posée depuis lors : révolution socialiste ou enfoncement dans la barbarie.
Á l'école du socialisme
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"Il est non seulement de notre devoir de gagner au plus vite de larges masses à la reconnaissance formelle du programme de la social-démocratie, mais aussi de révolutionner de fond en comble le mode de pensée de ces masses. C'est uniquement de cette manière, et non par la seule arrivée de nouvelles recrues dans les masses électorales de la social-démocratie, dans les organisations de parti et de syndicat, que le prolétariat pourra se détacher intellectuellement de la domination de la bourgeoisie et de sa culture de classe." Ce recueil de textes de Rosa Luxemburg (1871-1919), tous inédits en français, regroupe ses discours et articles polémiques sur la formation théorique au sein du mouvement ouvrier, ses recensions des oeuvres posthumes de Karl Marx éditées par Franz Mehring ou Karl Kautsky, ainsi que les manuscrits historico-économiques rédigés durant ses années d'enseignement à l'école centrale du parti social-démocrate à Berlin de 1907 à 1913, documents qui complètent l'Introduction à l'économie politique. Celle que l'on cantonne trop souvent à une apologie de la spontanéité interroge : que pourrait être une "éducation révolutionnaire", pourquoi lire Marx, quel rôle assigner à la critique de l'économie politique ?
Ce volume rassemble les contributions de Rosa Luxemburg sur la politique française l'affaire Dreyfus, le mouvement ouvrier, le syndicalisme révolutionnaire, etc. Mais à la fin du XIXe siècle, pour la gauche européenne, la grande affaire, c'est collaborer avec les gouvernements bourgeois ou rompre avec le système capitaliste. Depuis les débats de la social-démocratie allemande autour de Bernstein et Kautsky, la révolutionnaire germanopolonaise analyse la guerre de position des ténors du socialisme français, de Jaurès à Guesde et Millerand.