Dans ce livre, l'auteur explore les paradoxes de la liberté et des contraintes légales. Il souligne que, bien que la société soit libre, les lois imposent des restrictions omniprésentes qui peuvent rendre les individus esclaves de leur propre existence. La complexité des règles étouffe l'individualité et la liberté personnelle.
Paul Valéry Livres
Paul Valéry fut un poète, essayiste et philosophe français dont les vastes intérêts firent de lui un polymathe. Bien que surtout connu comme poète et parfois considéré comme le dernier des symbolistes français, sa production est rare mais d'une influence immense. Après une profonde crise existentielle qui marqua sa carrière, il émergea, après deux décennies de silence, en 1917 avec une œuvre monumentale qui lui assura la célébrité et est considérée comme un sommet de la poésie française du XXe siècle.

![La crainte des morts. [Série 1.]](https://rezised-images.knhbt.cz/1920x1920/40030556.jpg)





L'amateur de poèmesSI je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style.MAIS je n'ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon insupportable fuite.UN poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je respire une loi qui fut préparée ; je donne mon souffle et les machines de ma voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence.JE m'abandonne à l'adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se compose, d'après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes magnifiques ou purs, dans la résonance. Même mes étonnements sont assurés : ils sont cachés d'avance, et font partie du nombre.MU par l'écriture fatale, et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens chaque parole dans toute sa force, pour l'avoir indéfiniment attendue. Cette mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, mais une chance extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ; et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement prévoyante, – aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement achevée.
Dans La Soirée avec Monsieur Teste, Valéry explique pourquoi, à la recherche du succès littéraire, auquel il aurait pu légitimement aspirer suivant le voeu de ses amis, il a préféré autre chose. La recherche du succès entraîne nécessairement une perte de temps : "Chaque esprit qu'on trouve puissant commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu'il faut pour se rendre perceptible..." M. Teste est un homme qui a mieux employé son temps : "J'ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche : plus sûrement, des années encore, et beaucoup d'autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire ses instincts. Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce que l'on trouve." Tel était bien sans doute le programme ambitieux que s'était assigné Valéry lui-même à l'époque où il rédigeait cette fameuse Soirée avec Monsieur Teste.
Charmes
- 176pages
- 7 heures de lecture
En écrivant, peu après “Eupalinos”, ces poèmes dont certains étaient déjà apparus dans le recueil ‘’Odes’’ (1920), dont l’ensemble a été publié en 1922, Valéry n'en délaissa pas pour autant la question centrale qui, seule, lui importait : à savoir comment la réflexion peut sans cesse gagner du terrain sur l'intuition, comment l'attention peut repérer de plus en plus loin la naissance obscure d'une idée, et comment enfin la connaissance des moyens favorise graduellement la connaissance qu'on peut avoir de ses pouvoirs intérieurs ; en définitive, comment la méthode facilite l'invention. C'est ainsi qu'on peut voir dans la suite des poèmes de “Charmes” se développer le long chemin et les étapes du phénomène le plus obscur entre tous, celui de l'inspiration qui va de l'idée première jusqu'à la contemplation du poème terminé et parfait. Par une mise en abyme toute mallarméenne, les poèmes traitaient souvent de la création même du poème, évoquaient la tragédie de l'esprit, car Valéry allait écrire dans “Discours sur Descartes’’ : «La vie de l'intelligence constitue un univers lyrique incomparable, un drame complet où ne manquent ni l'aventure, ni les passions, ni la douleur, ni le comique, ni rien d'humain». L’évocation de la nature, transposée sur le plan de l’esprit, servit de cadre à une rêverie ordonnée sur l’existence



