Nous sommes entrés dans l'ère de la transparence, qui semble bien structurer désormais tous les aspects de notre vie – du collectif à l'individuel, du politique à l'intime. Naît alors un carcan dans lequel les choses sont lissées, intégrées sans résistance dans les flux de la communication et dépouillées de leurs singularités. Comme sur un marché, tout est exposé, réduit à son prix, privé de récit. Les corps eux-mêmes sont dénués de sens ; les visages perdent leur scénographie ; le temps est atomisé. Nous voilà dans un " enfer de l'identique ", où les informations se succèdent sans combler le vide permanent dont nous sommes prisonniers, et où nous n'avons d'autre issue que de liker pour approuver. Ne tolérant aucune faille, la société de transparence nous confronte à un choix : être visible ou être suspect. L'homme peut-il encore s'échapper de cette société de contrôle total ?
Han Byung Chul Ordre des livres
Byung-Chul Han est un penseur contemporain qui explore les questions cruciales de notre époque. Son travail examine de manière critique comment la société moderne, animée par des forces néolibérales, cultive des normes de transparence et de divulgation constante. Han réfléchit profondément aux conséquences de cette "société de la fatigue" et "société de la transparence", où des valeurs telles que la honte et la vie privée diminuent. Ses essais offrent un regard pénétrant sur la manière dont la numérisation et le capitalisme façonnent notre subjectivité et nos relations interpersonnelles.







- 2017
- 2016
La crise de notre époque est notamment due à l'absolutisation de la vita activa. Celle-ci nous conduit à un impératif de travail qui dégrade l'être humain au rang d'animal laborans. L'hyperkinésie de notre vie quotidienne retire à la vie humaine toute faculté de contemplation, toute aptitude à demeurer, à s'attarder sur les choses. Elle conduit à la perte du monde et du temps. Les prétendues stratégies déployées pour ralentir le temps ne dissipent pas la crise. Elles cachent même le vrai problème. Il est nécessaire de revitaliser la vita contemplativa. On ne sortira de cette crise que lorsque la vita activa aura intégré dans sa krisis la vita contemplativa.
- 2016
Jeff Koons, l'iPhone, l'épilation brésilienne : pourquoi sommes-nous obsédés à ce point par ce qui est lisse ? La beauté aujourd'hui est paradoxale : d'un côté elle s'étend de manière exponentielle – le culte de la beauté est partout ; de l'autre elle perd toute transcendance et se soumet à l'immanence du consumérisme – elle est l'aspect esthétique du capital. Nos sentiments forts voire dérangeants face à la beauté – être submergé, stupéfait, bouleversé – sont remplacés par l'expression timide digne d'une préférence culinaire, par un « Like ». Ainsi, nous avons rendu le Beau pornographique. Cet essai rappelle que certaines manifestations du Beau peuvent nous apparaitre sous la forme d'une vérité, d'un désastre, d'une séduction. Han montre aussi qu'il existe des dimensions du Beau sur lesquelles on pourrait fonder une éthique ou une politique. Un essai dont le style épouse son sujet : un texte lumineux et beau.
- 2016
"Après son best-seller sur la société de fatigue, le philosophe berlinois Byung-Chul Han poursuit sa critique du néolibéralisme. Il expose la technique de domination et de pouvoir du régime néolibéral qu'au contraire de la biopolitique de Michel Foucault il découvre dans la Psyché entendue comme une force productive. Han décrit la psychopolitique néolibérale dans toutes ses facettes qui mènent aujourd'hui à une crise de la liberté. Dans le cadre de cette analytique de la technique du pouvoir néolibéral il nous présente, en outre, la première théorie du Big Data et la phénoménologie lucide de l'émotion qu'elle présuppose. Donc, Han dans ce nouvel essai invente des contre-modèles contre la psychopolitique néolibérale."-- Page 4 de la couverture
- 2015
"Nous sommes dépassés par le numérique qui, en deçà de toute décision consciente, modifie de façon déterminante notre comportement, notre perception, notre sensation, notre pensée et notre vie sociale. Nous nous grisons du numérique sans pouvoir évaluer toutes les conséquences d'une telle ivresse. Cette cécité ainsi que la torpeur qui l'accompagne sont les symptômes fondamentaux de la crise actuelle." De cette crise sociétale, Byung-Chul Han analyse les aspects, indissolublement liés au numérique : délitement du respect et de la communauté, étouffement des différences et de l'altérité, exigence maladive de transparence, déferlements de haine à la moindre occasion. Voilà qui n'est pas sans conséquences politiques. L'exercice voire l'existence même de la démocratie sont bouleversés à l'heure où la société est réduite à l'état de nuée volatile d'individus "connectés". Une réflexion précieuse sur le monde d'aujourd'hui, vu à travers le prisme de ses changements les plus récents.
- 2014
Nous assistons aujourd'hui, sans nous en rendre compte, à un changement de paradigme. La société de la négativité est en train de céder sa place à une société dominée par une surcharge de positivité. Partant de ce changement, Han décrit le paysage pathologique de notre société actuelle dominée par des affections neuronales comme la dépression, le syndrome de déficit d'attention, le trouble de la personnalité borderline ou le burn-out. Ce ne sont pas des infections, ce sont des infarctus, non pas conditionnés par la négativité d'un autre immunologique, mais par une surcharge en positivité. Ils se dérobent donc à toutes les techniques immunologiques de prophylaxie et de défense immunitaire. L'analyse de Han aboutit finalement à la vision d'une société qu'il appelle, dans une ambivalence intentionnelle, une "société de la fatigue".