La crise de notre époque est notamment due à l'absolutisation de la vita activa. Celle-ci nous conduit à un impératif de travail qui dégrade l'être humain au rang d'animal laborans. L'hyperkinésie de notre vie quotidienne retire à la vie humaine toute faculté de contemplation, toute aptitude à demeurer, à s'attarder sur les choses. Elle conduit à la perte du monde et du temps. Les prétendues stratégies déployées pour ralentir le temps ne dissipent pas la crise. Elles cachent même le vrai problème. Il est nécessaire de revitaliser la vita contemplativa. On ne sortira de cette crise que lorsque la vita activa aura intégré dans sa krisis la vita contemplativa.
Han Byung Chul Livres
Byung-Chul Han est un penseur contemporain qui explore les questions cruciales de notre époque. Son travail examine de manière critique comment la société moderne, animée par des forces néolibérales, cultive des normes de transparence et de divulgation constante. Han réfléchit profondément aux conséquences de cette "société de la fatigue" et "société de la transparence", où des valeurs telles que la honte et la vie privée diminuent. Ses essais offrent un regard pénétrant sur la manière dont la numérisation et le capitalisme façonnent notre subjectivité et nos relations interpersonnelles.







"Après son best-seller sur la société de fatigue, le philosophe berlinois Byung-Chul Han poursuit sa critique du néolibéralisme. Il expose la technique de domination et de pouvoir du régime néolibéral qu'au contraire de la biopolitique de Michel Foucault il découvre dans la Psyché entendue comme une force productive. Han décrit la psychopolitique néolibérale dans toutes ses facettes qui mènent aujourd'hui à une crise de la liberté. Dans le cadre de cette analytique de la technique du pouvoir néolibéral il nous présente, en outre, la première théorie du Big Data et la phénoménologie lucide de l'émotion qu'elle présuppose. Donc, Han dans ce nouvel essai invente des contre-modèles contre la psychopolitique néolibérale."-- Page 4 de la couverture
Nous sommes entrés dans l'ère de la transparence, qui semble bien structurer désormais tous les aspects de notre vie – du collectif à l'individuel, du politique à l'intime. Naît alors un carcan dans lequel les choses sont lissées, intégrées sans résistance dans les flux de la communication et dépouillées de leurs singularités. Comme sur un marché, tout est exposé, réduit à son prix, privé de récit. Les corps eux-mêmes sont dénués de sens ; les visages perdent leur scénographie ; le temps est atomisé. Nous voilà dans un " enfer de l'identique ", où les informations se succèdent sans combler le vide permanent dont nous sommes prisonniers, et où nous n'avons d'autre issue que de liker pour approuver. Ne tolérant aucune faille, la société de transparence nous confronte à un choix : être visible ou être suspect. L'homme peut-il encore s'échapper de cette société de contrôle total ?
Nous assistons aujourd'hui, sans nous en rendre compte, à un changement de paradigme. La société de la négativité est en train de céder sa place à une société dominée par une surcharge de positivité. Partant de ce changement, Han décrit le paysage pathologique de notre société actuelle dominée par des affections neuronales comme la dépression, le syndrome de déficit d'attention, le trouble de la personnalité borderline ou le burn-out. Ce ne sont pas des infections, ce sont des infarctus, non pas conditionnés par la négativité d'un autre immunologique, mais par une surcharge en positivité. Ils se dérobent donc à toutes les techniques immunologiques de prophylaxie et de défense immunitaire. L'analyse de Han aboutit finalement à la vision d'une société qu'il appelle, dans une ambivalence intentionnelle, une "société de la fatigue".
"Nous sommes dépassés par le numérique qui, en deçà de toute décision consciente, modifie de façon déterminante notre comportement, notre perception, notre sensation, notre pensée et notre vie sociale. Nous nous grisons du numérique sans pouvoir évaluer toutes les conséquences d'une telle ivresse. Cette cécité ainsi que la torpeur qui l'accompagne sont les symptômes fondamentaux de la crise actuelle." De cette crise sociétale, Byung-Chul Han analyse les aspects, indissolublement liés au numérique : délitement du respect et de la communauté, étouffement des différences et de l'altérité, exigence maladive de transparence, déferlements de haine à la moindre occasion. Voilà qui n'est pas sans conséquences politiques. L'exercice voire l'existence même de la démocratie sont bouleversés à l'heure où la société est réduite à l'état de nuée volatile d'individus "connectés". Une réflexion précieuse sur le monde d'aujourd'hui, vu à travers le prisme de ses changements les plus récents.
Jeff Koons, l'iPhone, l'épilation brésilienne : pourquoi sommes-nous obsédés à ce point par ce qui est lisse ? La beauté aujourd'hui est paradoxale : d'un côté elle s'étend de manière exponentielle – le culte de la beauté est partout ; de l'autre elle perd toute transcendance et se soumet à l'immanence du consumérisme – elle est l'aspect esthétique du capital. Nos sentiments forts voire dérangeants face à la beauté – être submergé, stupéfait, bouleversé – sont remplacés par l'expression timide digne d'une préférence culinaire, par un « Like ». Ainsi, nous avons rendu le Beau pornographique. Cet essai rappelle que certaines manifestations du Beau peuvent nous apparaitre sous la forme d'une vérité, d'un désastre, d'une séduction. Han montre aussi qu'il existe des dimensions du Beau sur lesquelles on pourrait fonder une éthique ou une politique. Un essai dont le style épouse son sujet : un texte lumineux et beau.
The tsunami of information unleashed by digitization is threatening to overwhelm us, drowning us in a sea of frenzied communication and disrupting many spheres of social life, including politics. Election campaigns are now being waged as information wars with bots and troll armies, and democracy is degenerating into infocracy. In this new book, Byung-Chul Han argues that infocracy is the new form of rule characteristic of contemporary information capitalism. Whereas the disciplinary regime of industrial capitalism worked with compulsion and repression, this new information regime exploits freedom instead of repressing it. Surveillance and punishment give way to motivation and optimization: we imagine that we are free, but in reality our entire lives are recorded so that our behaviour might be psychopolitically controlled. Under the neoliberal information regime, mechanisms of power function not because people are aware of the fact of constant surveillance but because they perceive themselves to be free. This trenchant critique of politics in the information age will be of great interest to students and scholars in the humanities and social sciences and to anyone concerned about the fate of politics in our time.
Shanzhai
- 104pages
- 4 heures de lecture
Shanzhai is a Chinese term meaning "fake," initially used to describe knock-off cell phones like Nokir and Samsing. These devices are not mere forgeries; they are stylish, multifunctional, and often superior to the originals. The concept of shanzhai has expanded into various aspects of Chinese life, including literature and politics, exemplified by parodies like Harry Potter and the Porcelain Doll, where Harry faces Yandomort. While such adaptations might be viewed as piracy in the West, Chinese culture embraces transformation and deconstruction of originals. In this volume of the Untimely Meditations series, Byung-Chul Han explores the theme of deconstruction in Chinese thought, tracing its roots from ancient masterpieces that encourage reinterpretation to Maoism, which he describes as a form of "shanzhai Marxism." Han examines key Chinese concepts such as quan (law), which signifies a balance rather than absoluteness; zhen ji (original), defined by a continuous process rather than a singular creation; xian zhan (seals of leisure), which collectors use as part of a work's composition; and fuzhi (copy), regarded as equally valuable to the original. He argues that Far Eastern thought does not align with "pre-deconstructive" ideas of originality or identity, positing that it fundamentally begins with deconstruction.
The book explores the overwhelming impact of digital information on society, particularly how it affects political landscapes. It delves into the transformation of election campaigns into battles of information, highlighting the roles of bots and troll armies. This shift is leading to a decline in democratic processes, which the author terms "infocracy," where the quality of information supersedes the democratic ideals it was meant to uphold.
The Scent of Time
- 120pages
- 5 heures de lecture
In his philosophical reflections on the art of lingering, acclaimed cultural theorist Byung-Chul Han argues that the value we attach today to the vita activa is producing a crisis in our sense of time.