«Hier, alors que la terre était encore fraîche et humide, vivait à Berlin un homme qui s’appelait Roman – il espérait, avec ce nom, avoir du succès et atteindre le bonheur.» Roman «espère, avec ce prénom, avoir du succès et atteindre le bonheur». Le spectacle du quotidien, les allées et venues de ses voisins, la vie des animaux sur son chemin – canards, araignée, chien –, le graissage d’un Beretta : tout devient aventure. Roman vit paisiblement avec sa bien-aimée, mais sa vieille mère et son ami de toujours lui demandent de mettre fin à leurs jours. Lui-même sent l’étau de la précarité se resserrer autour de lui. Après avoir envisagé un hold-up burlesque, Roman se décide à demander au Persan d’accepter le rôle principal dans une pièce qu’il voudrait monter pour se refaire. Mais le Persan meurt. La pièce, qui aurait dû être jouée, sera simplement donnée dans le roman. Très tchékhovienne, cette pièce est surtout un condensé de la mythologie de l’auteur.
Matthias Zschokke Ordre des livres






- 2018
- 2016
2012, Zschokke passe 9 mois à Venise. Il est l'invité d'une discrète Fondation qui met à sa disposition un appartement au coeur de la ville. Il écrit quotidiennement à ses amis et collègues. Ces lettres par mail s'enchaînent comme un roman dense, drôle, désopilant même. Il note tout ce qu'il voit, entend, sent. Les touristes ne le dérangent pas, ils sont amusants, les murs et les canaux qu'ils longent, les piazzette où ils se serrent, les palazzi, les musées, le Lido, les ponts. Lui, le résident, zigzague à travers eux, relève leurs particularités avec une hilarité joyeuse. La beauté de Venise l'empêche de travailler, la déambulation continuelle devient une drogue d'où surgissent les scènes les plus mélancoliques et les plus humoristiques. Ce livre deviendra un classique sur Venise.
- 2015
L’Homme aux deux yeux est à la fois le roman d’aventures d’un héros moderne et la mise en scène d’un monde aussi noir que vide de sens. Dans cette histoire, Matthias Zschokke est acerbe contre la société d’aujourd’hui et sa diatribe est ici brillante. L’homme qui avait deux yeux se distingue à peine des autres, visage, cheveux, vêtements et mallette couleur sable. Il perd sa femme, son chat, son travail de chroniqueur judiciaire, son appartement dans la capitale. A cinquante-six ans, il s’en va à Harenberg, une petite ville de province dont la femme avec qui il vivait lui a recommandé les bienfaits. Tout au long de sa lente marche vers la grisaille, le dénuement et la mort possible ou souhaitée, ses souvenirs lui apparaissent, aussi attendrissants que fâcheux, ses révoltes éclatent dans des formulations caustiques, mais son corps a encore besoin de chaleur. A Harenberg Rosaura, qui tient un bar et accepte de longs diaogues, lui offre de curieux plaisirs. Ce roman raconte en filigrane une histoire d’amour avec «la femme qui préférait se taire», celle qui chantait dans la même chorale au temps de leur jeunesse. Matthias Zschokke est passé maître dans l’art de raconter de petits riens en les tirant à hue et à dia jusqu’à ce qu’ils apparaissent dans une lumière étrange où ils perdent leur évidence et nous étonnent. Nous sommes là devant un diamant noir.
- 2014
Courriers de Berlin est à la fois une curiosité et une première car il est fait de mille cinq cents mails envoyés par l'auteur à son meilleur ami, d'octobre 2002 à juillet 2009. Matthias Zschokke est mélancolique, les hauts et les bas de son humeur s'enchaînent à une vitesse vertigineuse. Ses messages laissent deviner un interlocuteur bourru, emporté, plus acerbe encore que lui-même ; tous deux aiment la littérature, le théâtre, l'opéra, le cinéma et la télévision, ainsi que les voyages, les restaurants et les parfums. Les livres qu'ils lisent, les spectacles qu'ils voient suscitent des avis féroces, Courriers de Berlin est un essai monumental sur la culture d'aujourd'hui et ses fabricants. C'est aussi un livre sur l'amitié. La critique allemande a été unanime à reconnaître dans ce texte une oeuvre pleine d'humour au style aérien.