Hannah Arendt fut l'une des penseuses politiques les plus influentes du vingtième siècle. Son œuvre plonge dans les profondeurs de l'expérience humaine, offrant des aperçus profonds sur la nature du totalitarisme, de l'action humaine et des catégories fondamentales de la vie. À travers ses essais et ses études approfondies, elle a exploré la révolution, la liberté et l'autorité, prônant une compréhension de la pensée, de la volonté et du jugement. L'héritage d'Arendt continue de susciter la réflexion sur les complexités du monde moderne et l'essence de l'existence humaine.
"Les origines du totalitarisme", ouvrage paru en trois volumes en français chez trois éditeurs différents, réunis ici en un seul volume comme dans l'édition américaine, constitue le coeur de l'oeuvre de Hannah Arendt. Le texte est accompagné d'un dossier critique, d'oeuvres complémentaires et de correspondances.
Dans ce journal, H. Arendt (1906-1975) s'entraîne à penser avec Platon, Aristote, saint Augustin, Heidegger, Kant, Montaigne, Rousseau ... se confrontant au grec de Platon, au latin de saint Augustin ou aux traductions anglaises de Rousseau. Ces exercices de pensées sont également accompagnés d'informations autobiographiques et de poèmes écrits par la philosophe.
Peu de penseurs se sont attaqués aux horreurs et aux complexités du XXe siècle avec la perspicacité et l''intégrité intellectuelle de Hannah Arendt. Philosophe défendant la liberté de l''homme, elle a été parmi les premiers à faire un parallèle entre le nazisme et le bolchevisme et à identifier les totalitarismes comme une menace du monde moderne. Les textes publiés ici, rassemblés par Jérôme Kohn, qui fut son assistant, sont - à part un essai sur la nature du totalitarisme et celui sur Kafka publié dans une autre traduction - inédits : écrits d''avant-guerre (sur Kierkegaard, von Gentz, Manheim), essais sur la philosophie de l''existence, sur l''existentialisme français, sur l''anti-stalinisme américain ou sur l''intérêt pour la politique dans la pensée philosophique, ils témoignent de la réflexion que, toute sa vie, Hannah Arendt a menée sur la question du politique, de la modernité et de la condition humaine.En récusant la position traditionnelle de la philosophie, elle a tenté de comprendre les totalitarismes et de proposer une élucidation de l''être-politique humain.
Voici un texte qui, par la controverse qu'il suscita dès sa parution chez les historiens, eut le mérite essentiel de contraindre ceux-ci à entreprendre des recherches nouvelles sur le génocide des Juifs par les nazis. En effet, le reportage d'Hannah Arendt, envoyée spéciale du New Yorker au procès de Jérusalem, philosophe américaine d'origine juive allemande, auteur d'un ouvrage célèbre sur les origines du totalitarisme, fit scandale à New York et à Londres, en Allemagne comme en Israël. Dans son procès du procès, l'auteur - qui ne fait siens ni tous les motifs de l'accusation ni tous les attendus du jugement - est entraîné d'abord à faire apparaître un nouvel Eichmann, d'autant plus inquiétant qu'il est plus " banal " ; puis à reconsidérer tout l'historique des conditions dans lesquelles furent exterminés des millions de Juifs. Et à mettre en cause les coopérations, voire les " complicités ", que le lieutenant-colonel SS a trouvées dans toutes les couches de la population allemande, dans la plupart des pays occupés, et surtout jusqu'au sein des communautés juives et auprès des dirigeants de leurs organisations. La personnalité de l'auteur, élève du philosophe allemand Karl Jaspers, la controverse qu'elle a partout suscitée et qu'analyse Michelle-Irène Brudny de Launay dans sa présentation, contribuent à faire de ce livre brillant un témoignage que l'on ne peut ignorer sur une des énigmes majeures du monde contemporain.
Notre siècle a totalement transformé le statut de l'homme ; celui-ci est désormais un membre d'un ensemble qui le dépasse, et dont il ne peut s'échapper. Il vit dans un monde où la technique prend de plus en plus d'importance, et où le politique s'impose sans possibilité d'écart ou de fuite. Ce monde est également celui des pires violences, de la barbarie généralisée. Hannah Arendt commence ici sa réflexion sur l'originalité radicale de notre époque. Elle pose les bases d'une réflexion qui permette, peut-être, de se donner les moyens d'éviter les dérapages vers la violence aveugle, en comprenant en profondeur la dimension de " l'homme moderne ". Un nouvel humanisme ?
Juger : une activité humaine en apparence simple, que certains réduiraient volontiers à sa forme courante judiciaire ou à ses aspects purement logiques. H. Arendt, au contraire, discerne dans cette activité éthique par excellence ce qui permet d'agir selon des valeurs et de résister à l'inacceptable : elle met ainsi en évidence l'importance politique de ce verbe performatif. D'où vient la " faculté de juger " ? Quelle est sa place en philosophie ? Les " Conférences sur la philosophie politique de Kant ", qui forment le cœur de ce livre, indiquent sa source principale : la Critique de la faculté de juger de Kant. Comme toujours, Arendt relit, réinterprète, prolonge la tradition critique bien au-delà du cadre kantien et met à l'épreuve sa propre philosophie politique. Livre posthume, Juger n'en est pas moins la pièce maîtresse de la pensée de Hannah Arendt.
Ecrits entre 1932 et 1948, les textes que rassemble ce recueil ont pour thème central le Juif comme paria, figure dont Hannah Arendt trace le contour par différence avec la figure du parvenu. La tradition du paria est une tradition minoritaire. Elle repose sur le choix d'un statut, celui du paria conscient, par lequel sont revendiqués simultanément la particularité juive et le droit à l'existence dans la vie européenne. C'est pourquoi elle est également marginale à l'égard de la tradition et de la communauté juives elles-mêmes. Cette tradition, toutefois, est désormais close. Ce dont la première moitié de ce siècle fut le théâtre, en Europe, n'autorise plus aux yeux de Hannah Arendt ce type d'écart social. La voie que suggérait Kafka s'est révélée proprement utopique : les droits de l'homme ne peuvent s'accomplir par la seule force de l'individu. Telle est la raison pour laquelle Hannah Arendt plaide en faveur de l'insertion dans un peuple et de la coexistence avec d'autres peuples. Ce livre est une analyse lumineuse et profonde, reconnue depuis longtemps comme décisive, de la condition juive.
Sélection de lettres échangées entre les philosophes Karl Jaspers (1883-1969) et Hannah Arendt (1906-1975) qui fut son élève à Heidelberg. Les textes sont réunis autour de sept thèmes : que reste-t-il de l'Allemagne ? ; l'antisémitisme ; qu'est-ce qu'être juif ? ; Isra͏ël, pierre de touche de l'Occident ; Eichmann ; nous n'avons pas de chefs ; la philosophie n'est pas tout à fait innocente.
Au point de départ pour Arendt, comme pour Augustin, il y a une expansivité, le désir. " Structure fondamentale de l'étant ", le désir est la forme d'un appétit qui installe le désirant dans la solitude, le dispose à toutes les détresses et à toutes les audaces, mais qui trahit une dynamique irrécusable, la volonté d'être heureux. Bonheur, joie, de quelque nom qu'on l'appelle, l'objet du désir révèle la fin ultime de l'être créé : être heureux. La disciple de Heidegger, l'élève de Jaspers, et la lectrice de Kierkegaard révèle dans cette dissertation doctorale la trame prépolitique et les sources chrétiennes de son œuvre.