Thomas Morard Livres


L’étude d’un cratère à volutes apulien découvert à Metapont et conservé à Genève permet d’introduire une lecture eschatologique de la fruite d’Enée. La panse de ce cratère, décorée par la Peintre de l’ilioupersis, présente un naïskos où figurent probablement Enée et Ascagne. La représentation du héros troyen tenant son fils par la main souligne l’identification des défunts avec des héros mythologiques, symbole d’immortalité. Ce cratère relance le débat sur le groupe du cratère à volutes de Londres F 160, également attribué à la Peintre de l’Ilioupersis. L’identité du vieillard et de l’enfant fuyant l’autel d’Athéna Ilias reste incertaine, car ils ne peuvent être Anchise et Ascagne sans Enée. Néanmoins, la présence de ce groupe évoque inévitablement le destin des Enéades. Le Peintre semble jouer avec le mythe sans le représenter explicitement. L’utilisation des Enéades sur deux vases à naïkos suggère qu’ils incarnaient une valeur funéraire. Dans le contexte romain, Enée, comme le montre Virgile, assume une fonction funéraire en descendant aux Enfers, rencontrant Anchise, puis revenant parmi les vivants. Bien que l’image d’Enée représente un idéal de virtus et de pietas, l’iconographie funéraire impériale exploite le sens de ce voyage dans le monde des morts. Cette catabase d’Enée était-elle déjà connue des Tarentins du IVe siècle av. J.-C.? L’Ilioupersis, symbole de destruction, était un thème populaire dans le contexte funérai