Vénération et effroi : ce sont les deux mouvements contraires que suscitent toujours les dernières compositions de Beethoven, et l'admiration paraît encore aujourd'hui se nourrir d'une étrangeté irréductible. Cette étude affronte l'énigme en associant musicologie, sociologie et psychanalyse au lieu de les séparer, comme on l'a fait le plus souvent à propos de Beethoven. En face de son audace formelle, se souvenir que c'est d'abord en virtuose improvisateur que Beethoven conquiert de son vivant une célébrité sans précédent. S'agissant de son isolement tragique, réfléchir au nouveau statut de créateur qu'il s'est arrogé. Devant sa démesure, interroger le fantasme de parentalité qui lui fait annexer son neveu Karl. Il est rare que l'art domine avec cette force de Titan : celle de Beethoven, de Michel-Ange ou de Shakespeare. Peut-on aimer un tel pouvoir sans le redouter ? R. S.
Re my Stricker Ordre des livres





- 2001
- 1997
Comparé à Beethoven, Berlioz, Schumann, Liszt et Wagner, Schubert est une figure du romantisme bien moins démonstrative. Dès après sa mort, sa vie fut romancée d'une façon lénifiante par les souvenirs de ses contemporains. S'en tenant aux seuls documents authentiques, Rémy Stricker écarte les clichés. La modestie de Schubert dissimulait de l'audace ; sans doute était-il rêveur, mais profondément réfléchi, sociable autant que solitaire. C'est autour de lui, dans les "schubertiades", que se réunissait la jeunesse cultivée de Vienne. Le bicentenaire de sa naissance va achever de consacrer sa gloire. Longtemps considéré comme compositeur des seuls lieder, on le vénère à présent pour la totalité de son oeuvre. C'est passer sur ses inégalités passionnantes et minimiser sa véritable originalité, aussi forte que celle de Beethoven, auquel il est temps de cesser de le mesurer à tout propos. Cet essai fait découvrir un Schubert souvent moins connu, plus fragile et plus grand que ce qui le rend célèbre.
- 1995
Robert Schumann
- 244pages
- 9 heures de lecture
Le secret de la création artistique est-il impénétrable ? La question suscite périodiquement des mouvements contraires : on cherche à l'éclairer par les nouvelles conquêtes du savoir ou l'on s'en défend comme d'une sorte de sacrilège. Et le romantisme, qui parle tant de lui-même et invente pour ainsi dire la notion de génie, tout près de la situer en marge de la raison, fait figure de tentateur. Le musicien, bien moins souvent étudié que le poète ou le peintre, semble échapper mieux encore à l'investigation. La folie de Schumann a pu servir à "expliquer" ses chefs-d'oeuvre, mais elle se vengeait en condamnant du même coup une grande part de sa musique, qu'on ne connaissait pas car on ne l'écoutait pas. Ce que la musicologie et la psychologie ont découvert depuis lors remet en présence d'une interrogation devant laquelle Freud lui-même, si prudent lorsqu'il s'agit de l'art, a toujours manifesté quelque chose comme la crainte du tabou. Partant de la folie, l'auteur construit une enquête où c'est finalement la musique elle-même qui dévoile, plus que la vie de l'auteur, la logique énigmatique de la création.
- 1993
Franz Liszt
- 482pages
- 17 heures de lecture
in-8, broché, 482 pp., planches en noir, index, bibliographie. Très bon état général, proche du neuf.