Les abominations du nazisme sont-elles le résultat d'un enchaînement tragique de circonstances ou la culture politique allemande les portait-elle déjà en germe? Ce livre apporte une contribution décisive à ce débat. Le slogan "L'Allemagne au-dessus de tout" remonte non pas à 1918, mais à la victoire de 1871. À partir des années 1890, la Ligue pangermaniste émerge parmi les élites intellectuelles et dirigeantes, alimentant la peur et la frustration dans l'opinion publique et les sphères politiques. Cette ligue, créatrice du nationalisme bourgeois moderne, prône la méfiance envers les populations allogènes, réclame la "réorganisation" de l'Autriche-Hongrie, et exige un empire colonial cohérent ainsi qu'une marine puissante. Elle appelle à la protection des minorités allemandes en Europe centrale, à la germanisation forcée en Pologne et en Lorraine, et à l'annexion de divers territoires, tout en inventant le concept de déportation en masse. Ses leaders ont ancré des complexes d'infériorité et de supériorité dans une nation encore fragile, nourrissant des rêves de puissance audacieux. Après la Première Guerre mondiale, les obsessions pangermanistes empêcheront les Allemands de surmonter leur défaite, ouvrant la voie à une révolution menée par des groupes plus radicaux, rendant ainsi le nazisme possible.
