Dans les textes présentés et rassemblés ici, Michael Theunissen interroge la notion de temps et esquisse une "théologie négative du temps". Questionnant la tradition philosophique depuis Parménide, Platon, saint Augustin, Kierkegaard, Simmel, Husserl, Sartre, l'auteur introduit la thèse d'une domination du temps sur les hommes qui produirait une souffrance, particulièrement visible chez les sujets atteints de névrose, et incitant à une résistance, à un affranchissement de l'ordre du temps. Theunissen analyse, tout en discutant avec les représentants éminents de la psychopathologie phénoménologique ou issus de la philosophie de la vie - Minkowski, Gebsattel, Erwin Straus, Binswanger, Tellenbach -, les troubles de la perception du temps chez les malades mentaux atteints en particulier de dépression, et il s'interroge sur la possibilité de se soustraire à ces troubles. Revenant à la pensée grecque primitive et à sa distinction entre chronos, le temps qui nous domine, et aiôn, le temps qui nous libère, l'auteur tente, dans les conditions de la modernité, de reconquérir ce contenu de vérité en l'ouvrant sur une réflexion quasi théologique.
Michael Theunissen Ordre des livres






- 2013
- 2005
Ces deux essais introduisent à la pensée de Jürgen Habermas en retraçant son évolution à partir des conceptions de l'École de Francfort (Horkheimer, Adorno), en montrant comment Habermas s'est peu à peu détaché de la philosophie de l'histoire propre à ce courant de pensée, comme du pessimisme critique qui débouchait sur l'impasse d'une attente apocalyptique. Habermas a rompu avec la tradition hégélienne pour se rapprocher de Kant et du pragmatisme en cherchant à dépasser la critique aujourd'hui obsolète, de la " technique " au profit d'une réflexion morale et politique dont le centre de gravité se situe désormais dans une théorie rénovée de la communication. Cette lecture n'entend pas ouvrir une polémique, mais un dialogue philosophique où l'amitié et l'estime, constamment présentes, n'infléchissent ni n'affaiblissent le propos de l'auteur qui accompagne l'évolution d'une pensée tout en sachant faire apparaître les présupposés théologiques qui demeurent, chez Habermas, à l'arrière-plan de sa conception d'une communication affranchie de tout intérêt défini.
- 1997
Depuis le XIXe siècle, notre culture occidentale est dominée par une conception de la réalisation de soi qui consacre le primat de l'individualisation. Cette priorité va de pair avec la valorisation du détachement à l'égard des relations sociales et avec le refus de toute forme d'universalisme éthique. Michael Theunissen analyse cette conception de manière à la fois critique et non conservatrice. Il montre comment, en s'inspirant librement de Hegel, on peut concilier le projet d'une réalisation individualiste de soi avec le sens de l'universel. Cela suppose que l'universalité réelle ne soit plus pensée comme totalité mais plutôt comme intersubjectivité. Une vision de la réalisation de soi fondée sur un tel concept permet de jeter un regard critique sur l'évolution de nos sociétés contemporaines.