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Günther Anders

  • Reinhold Hoffmann
  • Günther Christian
12 juillet 1902 – 17 décembre 1992
L' obsolescence de l'homme
La menace nucléaire
Hiroshima est partout
Kafka
Le temps de la fin
Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger
  • En France, Heidegger passe pour "le plus grand philosophe du XXe siècle". Sectateurs et coryphées sont innombrables, et les rares voix discordantes sont vite réduites au silence. Or, le système de Heidegger est non seulement très pauvre (a-t-on vraiment entendu ce que le philosophe dit de l'homme, de l'histoire et du temps ?), mais encore il est en profonde sympathie avec la barbarie nazie. Qu'importe ! Quand le roi Heidegger passe dans la rue, la foule se prosterne. Soudain, au milieu de ce silence religieux, Günther Anders s'écrie : " Le roi est nu ! "

    Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger
  • Philosophe particulièrement original, Günther Anders rejette l'esprit de système pour être " philosophe de circonstance ". Les guerres mondiales, la Shoah, la menace nucléaire, le pouvoir des médias témoignent du déséquilibre entre la capacité d'inventer qui caractérise l'homme et son incapacité à seulement se représenter les conséquences de ses productions. Les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki infléchiront sa pensée de manière décisive. Sa réflexion portera désormais sur l'enjeu planétaire de toute poli-tique. La " catastrophe " est l'horizon indépassable de notre histoire. Propos d'une grande actualité, si l'on songe à la volonté réitérée d'un certain nombre de nouveaux pays de se doter de l'arme atomique. Le Temps de la fin, qui date de 1960, souligne ce qu'implique pour les citoyens du monde, le fait d'être " définitivement dans le temps de la fin ". " "Dans le temps de la fin" signifie : dans cette époque où nous pouvons chaque jour provoquer la fin du monde. -"Définitivement" signifie que le temps qui nous reste est pour toujours le temps de la fin : il ne peut plus être relayé par un autre temps mais seule-ment par la fin. "

    Le temps de la fin
  • Ce livre, plaidoyer passionné, profond et précurseur contre la bombe atomique, comprend trois textes de genre très différent. L'Homme sur le pont - "quelque chose" qui n'a ni tète ni mains mais joue de la musique... - est le journal écrit par Anders lors de sa visite au japon, à Hiroshima, en août 1958. _journal d'une virulence terrible contre la bombe, la guerre, les techniques de destruction modernes. Hors limite reprend les lettres d'Anders au pilote de l'avion d'Hiroshima, Claude Eatherly, devenu une victime de la bombe, interné pour avoir refusé d'être traité en héros, ainsi que les réponses d'Eatherly. Les Discours sur les trois guerres mondiales (1964) anticipent les réflexions récentes sur le rôle "éthique" de la peur, de la "panique", de l'effroi, qu'on trouvera plus tard chez un Hans Jonas. Anders le reconnaît dans l'introduction de 1982, ces pages écrites plus de trente ans auparavant appartiennent à la "préhistoire" de la mouvance antiatomique. Pourtant, comme Jean-Pierre Dupuy le montre avec rigueur dans sa préface, elles restent d'une puissante actualité.

    Hiroshima est partout
  • Les partisans de l'énergie nucléaire mais aussi et surtout ceux des usines de retraitement de déchets et des surgénérateurs ne sont en rien meilleurs que l'a été le président Truman qui a fait bombarder Hiroshima. Ils sont même pires que lui, car les gens en savent aujourd'hui bien plus que le naïf président pouvait en savoir à son époque. Ils savent ce qu'ils font; il ne savaitpas ce qu'il faisait. Que nous, les hommes, nous périssions à cause d'un missile nucléaire ou d'une centrale prétendument pacifique, cela revient absolument au même. Les deux sont aussi meurtriers. Tuer, c'est tuer. Mort, c'est mort. Ceux qui préconisent l'un et ceux qui préconisent l'autre, ceux qui minimisent les effets de l'un et ceux qui minimisent les effets de l'autre se valent. "

    La menace nucléaire
  • Tout le monde est d'une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d'un genre pourtant très particulier. Car c'est en consommant la marchandise de masse - c'est-à-dire grâce à ses loisirs - qu'il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s'assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d'aujourd'hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse. Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d'être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c'est-à-dire payer les moyens de production dont l'usage fait de lui un homme de masse (l'appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu'il contribue à produire, il doit l'acquérir en l'achetant puisqu'elle est, elle aussi, devenue une marchandise. Le monde comme fantôme et comme matrice

    L' obsolescence de l'homme
  • Nous, fils d'Eichmann

    • 154pages
    • 6 heures de lecture
    4,0(14)Évaluer

    Les deux lettres ouvertes de Günther Anders adressées au fils d'Adolf Eichmann constituent un petit traité, avec mode d'emploi, sur la condition humaine aujourd'hui, considérée sous l'angle d'une catastrophe à répétition, qui entraîne l'obsolescence toujours croissante de l'humain lui-même. L'homme apparaît ici, de nouveau, comme le détenteur d'une capacité de production infiniment supérieure à sa capacité de représentation, et tout aussi bien à sa capacité de sentir. Dans ce contexte, l'idée même de responsabilité se trouve profondément atteinte ou profondément pervertie, de sorte que nous sommes tous, d'une manière ou d'une autre, des enfants d'Eichmann. Plus exactement, nous sommes tous devant un choix comparable à celui auquel Günther Anders confronte le destinataire de ses deux lettres : le choix de la continuité ou de la rupture. Un choix d'autant plus urgent que se réduit de jour en jour la marge de jeu dont dispose l'humain dans le monde tel qu'il devient.

    Nous, fils d'Eichmann
  • Si l'on connaît le penseur de la déréalisation du monde, de la déshumanisation du quotidien, de la marchandisation générale, les lecteurs français n'ont pas eu encore accès aux écrits plus personnels rédigés par le philosophe autrichien en exil. Les textes qui composent ce volume, extraits de ses journaux intimes de New York des années 1947-1949, ont pour objet des sentiments, les siens et ceux de ses compagnons de destin. Anders pour autant ne se livre pas en ces pages à l'exploration de sa vie intérieure, ni ne découvre des strates de son moi par goût de la confession. Les réactions émotionnelles qu'il consigne sont pour lui des exemples caractéristiques, appréhendés dans une perspective historique. Anders a fait valoir, dans le premier volume de L'Obsolescence de l'homme, l'intérêt d'une histoire du sentiment ; les pages qui suivent portent l'esquisse d'un tel projet, et l'amour en constitue le fil rouge. En 1979, Anders déclarait dans un entretien avec Mathias Greffrath : " [...] j'ai tenu un journal sur le fait amoureux en Amérique. Au moment où je l'ai écrit, il s'appelait Lieben heute (Aimer aujourd'hui). Maintenant, je l'ai rebaptisé Lieben gestern (Aimer hier). Et s'il paraît un jour, il faudra sans doute qu'il s'appelle Lieben vorgestren (Aimer avant-hier)... "

    Aimer hier
  • Anders livre quelques anecdotes significatives, notamment l´étonnement du philosophe quand il s´aperçut que lui, juif, pouvait faire le poirier plus longtemps que ses autres disciples, tous grands et blonds. Mais ce livre est surtout le récit d´un parcours philosophique et politique, où l´on croise également Brecht et Husserl et qui révèle en France une personnalité comparable à celle de George Orwell par son courage intellectuel et sa lucidité.

    Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse?