Simone Veil, née Jacob, fut une femme politique et une militante des droits humains française dont la vie fut profondément marquée par ses expériences dans les camps de concentration nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Ce passé déchirant a nourri son engagement indéfectible pour la justice et le souvenir des victimes de l'Holocauste. Figure de proue de la politique française, elle a courageusement défendu la législation qui a rendu l'interruption volontaire de grossesse légale, une avancée majeure pour les droits reproductifs des femmes. Son influence s'est étendue à la politique européenne en tant que première présidente du Parlement européen, et elle est ensuite devenue membre du Conseil Constitutionnel. Le dévouement de Veil au service public et son puissant récit personnel ont cimenté son héritage en tant que défenseure redoutable de la dignité humaine et de la mémoire.
Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps. Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.
Simone Veil accepte de se raconter à la première personne. Personnage au destin exceptionnel, elle est la femme politique dont la légitimité est la moins contestée, en France et à l'étranger ; son autobiographie est attendue depuis longtemps. Elle s'y montre telle qu'elle est : libre, véhémente, sereine.
« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n’avaient ni argent ni vêtements à m’offrir, c’est une voisine qui m’a secourue avec une robe et des sous-vêtements. Il régnait dans la maison une atmosphère de désolation. Il n’y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient été volés, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n’avaient pas pu emporter. Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée. J’y voyais un symbole. Nous n’avions rien à quoi nous raccrocher. Ma sœur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre. Nous faisions semblant de vouloir continuer. »