« Lire, c'est oublier, tout oublier, y compris ses lectures passées, toutes ces histoires qui sommeillent dans nos arrière-mémoires et qui ne demandent qu'à resurgir à l'improviste, ces pages entières qui nous tombent dessus - mais jamais, justement, quand on lit, quand on lit vraiment. Lire, c'est dégager le terrain, faire table rase, retrouver l'innocence. » Laure Adler
En dressant le portrait d'une cinquantaine d'auteures liées par la même soif d'écriture, depuis le Moyen Age (Hildegarde de Bingen) jusqu'à aujourd'hui (Toni Morrison), cet ouvrage montre que les obstacles qui se sont sans cesse dressés devant elles les ont vouées à un anticonformisme qui allait les mettre en danger.
Hannah Arendt est l'une des intellectuelles les plus importantes du XXe siècle. Son oeuvre irrigue tant la philosophie que la politique et l'éthique. Penseuse des chaos du monde et militante antinazie de la première heure, elle fut à la fois une combattante des droits de l 'homme, une théoricienne des périls qui menacent la démocratie, une penseuse de l'antitotalitarisme et une femme engagée dans les principaux combats du siècle. Penseuse de l'événement, philosophe de la fragilité humaine, elle a vécu dans sa chair ce qu'elle a théorisé. C'est sans doute aussi pour cette raison que son oeuvre nous bouleverse trente ans après sa mort. L'auteure a tenté de mettre ses pas dans les siens, de reconstituer son itinéraire, de rencontrer ses amis, et grâce à des correspondances inédites, d'éclairer ses relations amoureuses, en particulier Martin Heidegger avec qui elle a vécu, selon Jacques Derrida, une nouvelle histoire d'Héloïse et Abélard. Ce livre se veut une enquête qui cherche à comprendre cette femme généreuse, politiquement incorrecte, d'un courage exceptionnel, qui pratiquait le culte de l'amitié comme un éros et la philosophie comme un art du savoir-vivre
La correspondance a longtemps été pour les femmes le lieu où forger leur identité en s'affranchissant des modèles établis par la société. C'est aussi sur ce terrain qu'elles se sont ouvert une voie vers la littérature, chasse gardée des hommes. De l'effusion amoureuse ou amicale à la réflexion intellectuelle et politique, en passant par les conseils maternels, les grandes épistolières offrent un autre regard sur le monde qui les entoure. Dans cet ouvrage richement illustré, Laure Adler et Stefan Bollmann nous invitent à revisiter les correspondances d'une cinquantaine de femmes de tête et de coeur : de la princesse Palatine, belle-soeur de Louis XIV, à la poétesse américaine Sylvia Plath, sans oublier les incontournables Madame de Sévigné, George Sand, Colette, Anaïs Nin ou encore Marguerite Yourcenar.