Adieu aux fantômes
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Christa Wolf fut une romancière qui maintint une distance critique vis-à-vis du régime communiste tout en demeurant une socialiste engagée. Son œuvre a souvent exploré les thèmes de la division sociétale et des conflits intérieurs de l'individu, se caractérisant par une profonde gravité morale et une puissance narrative. Wolf a courageusement remis en question les espoirs et les erreurs de son époque, obtenant une reconnaissance pour son honnêteté intellectuelle intransigeante et son talent littéraire. Ses écrits offrent des aperçus profonds de la condition humaine dans un paysage politique complexe.
L'auteure de Trames d'enfance et de Cas-sandre écrivit cette brève histoire au début de l'été 2011, quelques mois avant sa mort. Elle la dédia à son mari, l'écrivain Gerhard Wolf. Elle s'attache au personnage d'August, orphelin de huit ans, rencontré peu après la fin de la Seconde Guerre dans un château transformé en sanatorium de fortune. Christa Wolf, alors âgée de dix-sept ans, réfugiée des territoires de l'est, y fut soignée. August éprouva pour la jeune fille, Lilo dans ce récit, un vif amour d'enfant. Pour la première fois dans son oeuvre, la romancière a placé au centre de son ultime texte un personnage masculin. Evoquant la période de l'après-guerre et imaginant ce qu'a pu être ensuite la vie d'August en RDA puis dans l'Allemagne unifiée, Christa Wolf, en une écriture limpide et d'une émotion retenue, pose la question du bonheur. Ce livre reçut lors de sa parution en Allemagne en 2012 un accueil enthousiaste de la presse littéraire et du public.
Trois ans après la chute du mur, une écrivaine de l'ex-RDA s'envole pour Los Angeles. Grâce à une bourse d'auteur en résidence, elle peut fuir une Allemagne qu'elle ne reconnaît plus et tenter d'éclaircir un mystère : l'identification d'une Allemande émigrée à l'époque du nazisme dont elle possède des lettres signées d'une simple initiale, L, et données par son amie Emma.--[Memento]
En 1935, Maxime Gorki avait invité les écrivains du monde entier à raconter une journée de leur vie, la même pour tous : le 27 septembre. L'idée avait été reprise en 1960, et une nouvelle génération s'était alors essayée à l'exercice. À cette date, Christa Wolf eut envie de relever le défi, elle tint donc la chronique de cette journée du 27 septembre 1960, puis, prise par le jeu, s'astreignit à cette discipline jusqu'à sa mort, survenue le 1er décembre 2011. Un premier volume de ce Journal, couvrant les années 1960-2000, a paru chez Fayard en 2006. Nous publions ici les onze dernières années. " Aujourd'hui, c'est le premier jour du reste de ma vie. " Telle est l'injonction à laquelle Christa Wolf rêve de répondre année après année. Au cœur de cette dernière décennie, il y a Christa bien sûr, écrivain assailli par le doute, rongé par la maladie, qui inlassablement interroge ses faiblesses et ses impuissances, mais qui fait face avec courage et lucidité au temps qui passe. Et si l'intérêt de ce livre est d'abord d'offrir une documentation tout à la fois subjective et historique, cette chronique des événements courants chez les Wolf et dans le monde entier, l'obstination avec laquelle l'un des plus grands écrivains contemporains s'arc-boute au pacte d'honneur qu'elle a passé avec la vérité est proprement bouleversante.