Alain Corbin est un historien français, spécialiste de la France du XIXe siècle. Formé à l'école des Annales, son travail s'écarte des grandes structures collectives pour se tourner vers une histoire des sensibilités et des mentalités. Corbin explore les histoires de sujets tels que le désir masculin et la prostitution, l'expérience sensorielle de l'odorat et de l'ouïe, ainsi que des événements extraordinaires comme l'incendie d'un jeune noble en 1870.
"A partir de 1750, les hommes d'occident ont peu à peu cessé de tolérer la proximité de l'excrément ou de l'ordure, et d'apprécier les lourdes senteurs du musc. Une sensibilité nouvelle apparaît, qui poussera les élites, affolées par les émanations sociales de la ville malade, à chercher dans les parcs et sur les flancs des montagnes la pureté de l'atmosphère. Le bourgeois du XIXè siècle fuit le contact du pauvre, puant comme la mort, comme le péché, et entreprend de purifier l'haleine de sa demeure ; imposant leur délicatesse, les odeurs végétales donnent naissance à un nouvel érotisme
Pendant longtemps, l'horizon des individus tenait dans leur terroir. Ainsi, l'auteur se penche sur le sujet des choses non connues au fil de l'histoire ainsi que sur les théories insolites qui ont existé pour expliquer les faits et les phénomènes incompris. L'absence de certitude a ouvert la voie à des angoisses ou des théories optimistes qui ont pu influencer la culture commune
A l'aube du XVIIIème siècle, les colères de l'océan accentuent la répulsion inspirée par les grèves désertes et lugubres. Nulle part, excepté dans l'œuvre de rares individus, ne se dit l'admiration pour l'espace infini des flots ; nulle part ne s'exprime le désir d'affronter la puissance des vagues, de ressentir la fraîcheur du sable. C'est entre 1750 et 1840 que s'éveille puis se déploie le désir collectif du rivage. La plage alors s'intègre à la riche fantasmagorie des lisières ; elle s'oppose à la pathologie urbaine. Au bord de la mer, mieux qu'ailleurs, l'individu se confronte aux éléments, jouit de la sublimité du paysage. Le long des grèves septentrionales, l'alternance du flux et des reflux, le spectacle d'un peuple de " petits pêcheurs ", simple, héroïque et redoutable, conduisent l'errance et la rêverie. Dans le saisissement de l'immersion, qui mêle le plaisir et la douleur de la suffocation, s'élabore une façon neuve d'appréhender son corps.
"M. Beaumord était un instituteur zélé. Devançant un désir à peine formulé par ses supérieurs, il a, durant l'hiver 1895-1896, donné dans son école de Morterolles, petit village de la Haute-Vienne de 643 âmes, une série de dix conférences destinées aux adultes. M. Beaumord était un instituteur talentueux. À l'évidence, il passionnait son auditoire. Près d'une moitié des hommes et d'un quart des femmes de la commune sont venus l'entendre, sans que leur désir faiblisse au cours de cet hiver. M. Beaumord était un instituteur vaniteux ; sinon, il n'aurait pas éprouvé le besoin de publier, dans Le Nouvelliste de Bellac, les thèmes de ses dix conférences et l'effectif masculin et féminin de chacun de ses auditoires. Cela dit, M. Beaumord n'est pas l'objet de ce livre. Grâce à lui, nous pouvons tenter d'imaginer l'appétit de savoir qui poussait des cohortes obscures à venir l'entendre, dans les nuits froides de l'hiver." Au terme d'un minutieux travail d'archives, Alain Corbin redonne vie à un cycle de conférences oubliées depuis plus d'un siècle. Partant sur les traces de l'orateur et de son auditoire, il reconstitue, pas à pas, ces soirées d'hiver où tout un village prenait le chemin de l'école pour s'instruire. En prêtant sa voix à un instituteur de la IIIe République, l'historien nous fait entendre l'écho d'un monde disparu.
Comment se sont créés les usages modernes du temps libre ? Comment le désir de voyage, la soif d'aventures et de sensations nouvelles, les divertissements de la foule, le besoin de quiétude et de découverte de soi se sont-ils combinés à l'accélération des rythmes de vie ? Telles sont les questions auxquelles entend répondre cet ouvrage conçu et coordonné par Alain Corbin, avec des contributions de Julia Csergo, Jean-Claude Farcy, Roy Porter, André Rauch, Jean-Claude Richez, Léon Strauss, Anne-Marie Thiesse, Gabriella Turnaturi et Georges Vigarello.
Silence is not simply the absence of noise. It is within us, in the inner
citadel that great writers, thinkers, scholars and people of faith have
cultivated over the centuries. It characterizes our most intimate and sacred
spaces, from private bedrooms to grand cathedrals those vast reservoirs of
silence.
Everyone knows the wind’s touch, its presence, its force. Sometimes it roars and howls, at other times we hear its wistful sighs and feel its soothing caresses. Since antiquity, humans have borne witness to the wind and relied on it to navigate the seas. And yet, despite its presence at the heart of human experience, the wind has evaded scrutiny in our chronicles of the past. In this brilliantly original volume, Alain Corbin sets out to illuminate the wind’s storied history. He shows how, before the nineteenth century, the noisy emptiness of wind was experienced and described only according to the sensations it provoked. Imagery of the wind featured prominently in literature, from the ancient Greek epics through the Renaissance and romanticism to the modern era, but little was known about where the wind came from and where it went. It was only in the late eighteenth century, with the discovery of the composition of air, that scientists began to understand the nature of wind and its trajectories. From that point on, our understanding of the wind was shaped by meteorology, which mapped the flows of winds and currents around the globe. But while science has enabled us to understand the wind and, in some respects, to harness it, the wind has lost nothing of its mysterious force. It still has the power to destroy, and in the wind’s ethereal presence we can still feel its connection with creation and death.
Rest occupies a space outside of sleep and alertness: it is a form of recuperation but also of preparation for what is to come, and is a need felt by human and animal alike. Through the centuries, different and conflicting definitions and forms of rest have blossomed, ranging from heavenly repose to what is prescribed for the modern affliction of burn-out. What has remained constant is its importance: long the subject of art and literature, everyone understands the need not to disturb the aimless, languishing, daydreaming Lotus-eater. Not viewed simply as an antidote for fatigue, for a long time rest was seen as the prelude to eternal life, until everything changed in the nineteenth century and society entered the great ‘age of rest’. At this point, the renowned French historian Alain Corbin explains, rest took on new therapeutic and leisurely qualities, embodied by the new types of human that emerged. The modern epicurean frolicked on beaches and soaked up the rays, while melancholics were rejuvenated in pristine sanatoria, the new temples of rest. Paid holidays and a widespread acceptance of the need to build up the strength sapped during work followed, while the 1950s became the decade of ‘sea, sex and sun’. This new book, as original as Corbin’s other histories of neglected aspects of human life, pans the long evolution of rest in a highly readable and engaging style.
V srpnu 1870, ve vesničce Hautefaye, v kraji Dordogne byl během dvou hodin odsouzen jistý mladý šlechtic a pak zaživa upálen za přítomnosti několika set osob, které jej obviňovali, že vykřikoval: „Ať žije republika!“ Účastníci těchto událostí se později holedbali tím, že si dali „pečínku z Prušáka“. Zanedlouho poté, v roce 1871, tuto událost republikánský novinář Charles Ponsac označil za nejhorší zločin v dějinách kriminalistiky a přisoudil mu politický charakter.
Známý francouzský historik Alain Corbin v mistrovsky vyprávěné studii postupuje jako skutečný vyšetřovatel tohoto záhadného a podivného masakru. Nastiňuje politické klima roku 1870 a ukazuje, jak příval zpráv i polopravdivých fám o válečných neúspěších Francie v jejím konfliktu s Pruskem, naivita politické reprezentace, touha po návratu starého režimu i prožitá strádání dovedly venkovské obyvatelstvo k tomu, že se uchýlilo k takovým projevům nepochopitelné a nevýslovné krutosti.