Un document d'une importance essentielle pour la connaissance de l'œuvre et de la personne d'un écrivain qui demandait à la littérature plus qu'on ne lui a jamais demandé et qui, en conséquence, n'a jamais écrit une ligne qui ne fût en quelque manière liée au but de sa vie.
Franz Kafka Livres







Ces huit Cahiers écrits entre novembre 1916 et mai 1918. (Kafka meurt en 1924) sont contemporains de la crise intense que traverse Kafka et qui sera déterminante pour ses choix d’homme et d’écrivain. C’est le creuset où s’élaborent ses œuvres à venir, sorte de work in progress où se tisse entre tous ces textes et ces fragments le lien organique qui engendre une filiation. Les cahiers mettent en place des modalités narratives nouvelles qui vont faire la spécificité de Kafka : impersonnalité, absence du narrateur, fragmentation de l’action en séquences brèves, logique onirique qui transforme l’absurde en nécessité... Entre méditation et création, hésitations et fulgurances, ces cahiers sont les brouillons de la vie, versant abrupt d’un journal interrompu.
"Nulle anecdote adventice, nul autre personnage - hors cet intrus, à la réalité hypothétique, qui vient soudainement perturber le silence du terrier - encore que, plus on avance dans le récit, plus on a le sentiment que le terrier est, lui aussi, un personnage. La solitude avec ses bienfaits évidents et ses méfaits éventuels et le thème principal du Terrier. Cette image de terrier - et plus généralement celle de l'enfouissement - comme symbole de la solitude revient souvent sous la plume de Kafka, tant dans sa correspondance et dans son journal que dans ses récits". J-P Verdet.
En 1986, un bouquiniste de Prague se vit proposer et acheta trente-deux lettres et cartes postales de Kafka adressées aux membres de sa famille. Le vendeur était un homme qui n'était nullement apparenté à Kafka ou à sa famille, et qui n'avait aucun rapport direct avec elle. Cette nouvelle collection de lettres date des deux dernières années de la vie de Kafka. L'ensemble comprend neuf lettres, vingt-deux cartes postales et une carte postale illustrée. La première a été écrite en 1922 et la dernière, juste avant sa mort, en 1924.
« On se sentait à l'aise avec lui. Par la richesse de ses pensées exprimées généralement sur un ton badin, il était, pour employer un mot bien terne, l'un des hommes les plus captivants que j'ai connus, malgré sa modestie et son calme. » Max Brod Cette correspondance dépourvue de pose, de vanité et de stéréotypes ¿ jusque dans les plus brefs billets ¿ nous livre non seulement une image inédite de la personnalité de Kafka mais nous permet aussi d'appréhender avec un regard nouveau son oeuvre débarrassée des commentaires qui se résument trop souvent dans l'adjectif « kafkaïen ». En réalité, personne n'est moins kafkaïen que Kafka, homme indulgent et moqueur, radical, généreux et avide de vivre.
Lettre au père
- 98pages
- 4 heures de lecture
" Très cher père, Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre... " Réel et fiction ne font qu'un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris. Réquisitoire jamais remis à son destinataire, tentative obstinée pour comprendre, la Lettre au père est au centre de l'œuvre de Kafka.
Le procès
- 384pages
- 14 heures de lecture
Le jour de son arrestation, K. ouvre la porte de sa chambre pour s'informer de son petit-déjeuner et amorce ainsi une dynamique du questionnement qui s'appuie, tout au long du roman, sur cette métaphore de la porte. Accusé d'une faute qu'il ignore par des juges qu'il ne voit jamais et conformément à des lois que personne ne peut lui enseigner, il va pousser un nombre ahurissant de portes pour tenter de démêler la situation. À mesure que le procès prend de l'ampleur dans sa vie, chaque porte ouverte constitue une fermeture plus aliénante sur le monde de la procédure judiciaire, véritable source d'enfermement et de claustrophobie. L'instruction suit son cours sur environ un an durant lequel l'absence d'événements est vue uniquement à travers les yeux de K. Sa lucidité, dérisoire et inutile jusqu'à la fin, contrairement à celle du héros de "La Métamorphose", n'apporte aucun soulagement. Le Procès, pièce charnière dans l'oeuvre de ce génie de l'absurde, renonce au ressort du surnaturel pour évoquer l'angoisse de l'obsession. --Sana Tang-Léopold Wauters
C'est une idée éditoriale contemporaine de l'écrivain que de réunir ces textes, à laquelle Kafka opposa, en 1916, l'argument suivant : "Verdict et Colonie pénitentiaire formeraient une exécrable combinaison ; à la rigueur La Métamorphose pourrait leur servir d'intermédiaire, mais sans elle cela reviendrait vraiment à prendre deux têtes étrangères et à les cogner de force l'une contre l'autre". Nous le prenons au mot et cognons ces deux récits, éclairés des oeuvres postérieures, l'un contre l'autre. "Le principe en vertu duquel je prononce est que la faute est toujours hors de doute".
" C'était le soir tard, lorsque K. arriva. Le village était sous la neige. La colline du Château restait invisible, le brouillard et l'obscurité l'entouraient, il n'y avait pas même une lueur qui indiquât la présence du grand Château. K. s'arrêta longuement sur le pont de bois qui mène de la route au village, et resta les yeux levés vers ce qui semblait être le vide... " K. entame là un long et harassant combat avec ce mystérieux Château, comme dans Le Procès un autre K. luttait contre un Tribunal omniprésent et pourtant insaisissable. Le fondé de pouvoir Joseph K. rêvait de se justifier. Le géomètre K. désire être reconnu et accepté. Parviendra-t-il même à prendre la mesure de son impuissance et de son ignorance ?
La métamorphose et autres récits
- 220pages
- 8 heures de lecture
Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat. Il était couché sur le dos, dur comme une carapace et, lorsqu'il levait un peut la tête, il découvrait un ventre brun, bombé, partagé par des indurations en forme d'arc, sur lequel la couverture avait de la peine à tenir et semblait à tout moment près de glisser. Ses nombreuses pattes pitoyablement minces quand on les comparait à l'ensemble de sa taille, papillotaient maladroitement devant ses yeux.


