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Fernand Braudel fut un historien français essentiel qui défendit l'importance des forces socio-économiques générales dans la formation des récits historiques. Figure de proue de l'École des Annales, son œuvre influença profondément la recherche historique à l'échelle mondiale. Les travaux de Braudel explorèrent les tendances à long terme et les influences géographiques, déplaçant l'attention de l'écriture historique vers une compréhension plus approfondie des sociétés.
" Il m'est arrivé un soir, à l'intérieur de l'Etat de Bahia, d'être pris brusquement au milieu d'une montée prodigieuse de lucioles phosphorescentes. Elles éclataient partout, sans arrêt, innombrables, en gerbes au sortir des taillis et des fossés de la route, comme autant de fusées, trop brèves pourtant pour éclairer le paysage avec netteté. Ainsi des événements, ces points de lumière. Au-delà de leur éclat plus ou moins vif, au-delà de leur propre histoire, tout le paysage environnant est à reconstituer. " A son habitude, c'est en images que Fernand Braudel exprime sa conception de l'Histoire, ses domaines, sa mission, ses moyens et ses méthodes ainsi que la place qui doit être la sienne dans le concert des sciences sociales. Les Ambitions de l'Histoire retracent, dans son évolution chronologique, le chemin de cette pensée originale qui s'est longuement cherchée. Chacun des ouvrages de F Braudel a vécu dans l'esprit de l'auteur pendant des années avant même d'être rédigé. Des années pendant lesquelles son fichier s'enrichissait et ses écrits se multipliaient. Généralement inédits, ces textes témoignent de ses préoccupations sur la Méditerranée du XVIe siècle, le capitalisme de l'âge moderne, et l'histoire de France. L'ouvrage s'achève sur le manuscrit inachevé du troisième volume de L'Identité de la France, qui devait être consacré à l'Etat, la Culture et la Société.
Fernand Braudel a toujours plaidé pour une nécessaire unification des sciences de l'homme. Tel est le thème commun des articles ici rassemblés. L'histoire, selon lui, part d'une réflexion sur la multiplicité des temps, elle est une dialectique de la durée, à la fois étude du passé et du présent. Elle peut et doit à ce titre intéresser les sciences voisines et s'assimiler en retour leurs diverses techniques. Mais aucune science particulière, aussi plurielle soit-elle, n'est capable de mobiliser l'ensemble de l'humain. Et l'historien qui se veut économiste, sociologue, anthropologue, linguiste... cède à un impérialisme scientifique que Fernand Braudel redoute autant que le cloisonnement des frontières. Souci de l'unité et respect de la diversité, tels sont les principes d'un " marché commun du savoir " auquel Fernand Braudel a contribué plus que tout autre.
À la fin des années cinquante, Fernand Braudel milite pour un enseignement de l'histoire basé sur une vision globale, s'opposant à l'histoire traditionnelle. Malgré ses efforts pour intégrer les civilisations mondiales dans les programmes scolaires, il échoue. Son ouvrage, Grammaire des civilisations, présente ses idées et ouvre les portes de l'histoire à tous.
Traduit dans plus de vingt langues, ce livre présente avec verve les conclusions de trente ans de recherches sur l'histoire économique du monde entre le XVe et le XVIIe siècle. Économique fait peur, sonne étroit et abstrait. Pourtant, nous dit Braudel, cette histoire-là est "l'histoire entière des hommes, regardée d'un certain point de vue. Elle est à la fois l'histoire de ceux que l'on considère comme les grands acteurs, un Jacques Cœur, un John Law ; l'histoire des grands événements, l'histoire de la conjoncture et des crises, et enfin l'histoire massive et structurale évoluant lentement au fil de la longue durée." C'est donc une histoire concrète, fondée sur le quotidien, en même temps qu'une réflexion sur l'évolution des économies-mondes : ainsi l'Europe a-t-elle vu en quatre siècles son centre de gravité se déplacer de Venise à Anvers, puis Gênes, Amsterdam, et Londres. C'est là que, successivement, "le soleil de l'histoire fait briller les plus vives couleurs, là que se manifestent les hauts prix, les hauts salaires, la banque.. . Toute une modernité économique en avance s'y loge."
Au soir de sa vie, le grand historien nous livre avec rigueur et passion les clefs de l'histoire de France : il en observe, fasciné, l'extrême diversité ; analyse les mouvements profonds et silencieux qui traversent l'espace ; situe les enjeux de son milieu géographique et de sa position européenne ; révèle les poids énormes des origines lointaines, des techniques et des traditions qui ont modelé son paysage.
Ouvrage de référence, La Méditerranée offre une introduction limpide à la méthode historique de l'École des annales, en deux volumes : L'Espace et l'Histoire et Les Hommes et l'Héritage. C'est en plus un très beau texte, car Braudel possède une grande puissance dans l'évocation des paysages, ce qui rend la lecture captivante. Les paysages de la Méditerranée sont autant sujet que décor de sa démonstration : l'idée directrice est que ce sont les contrastes des lieux, plus forts en Méditerranée qu'ailleurs, qui ont engendré la variété des sociétés. De leurs rencontres, du conditionnement né de l'opposition entre la mer ouverte et un arrière-pays fermé, sont nées des civilisations contraintes à l'échange, au mélange, au contact. Les trois millénaires étudiés ici ne font que réitérer ces mêmes chocs, avec des combinaisons fluctuantes d'acteurs. Peu d'ouvrages d'histoire explicitent aussi bien la succession des civilisations, comme des vagues sur un rivage qu'elles changent à peine. C'est un leitmotiv de l'École des annales que d'insister sur le conditionnement des hommes par leur milieu ; la démonstration de La Méditerranée est l'une des plus séduisantes. --Frédéric J.
Ouvrage de référence, La Méditerranée offre une introduction limpide à la méthode historique de l'École des annales, en deux volumes : L'Espace et l'Histoire et Les Hommes et l'Héritage. C'est en plus un très beau texte, car Braudel possède une grande puissance dans l'évocation des paysages, ce qui rend la lecture captivante. Les paysages de la Méditerranée sont autant sujet que décor de sa démonstration : l'idée directrice est que ce sont les contrastes des lieux, plus forts en Méditerranée qu'ailleurs, qui ont engendré la variété des sociétés. De leurs rencontres, du conditionnement né de l'opposition entre la mer ouverte et un arrière-pays fermé, sont nées des civilisations contraintes à l'échange, au mélange, au contact. Les trois millénaires étudiés ici ne font que réitérer ces mêmes chocs, avec des combinaisons fluctuantes d'acteurs.Peu d'ouvrages d'histoire explicitent aussi bien la succession des civilisations, comme des vagues sur un rivage qu'elles changent à peine. C'est un leitmotiv de l'École des annales que d'insister sur le conditionnement des hommes par leur milieu ; la démonstration de La Méditerranée est l'une des plus séduisantes.--Frédéric J.