Ce n'est pas tous les jours qu'on peut avoir entre les mains les confessions non trafiquées ou non réécrites d'un agent secret. Au contraire des fictions fantaisistes ou fantastiques qui sont données d'habitude en pâture à la crédulité du public, voici un livre de base, clair, simple, et qu'on espère aussi inquiétant qu'émouvant, aussi instructif que drôle. Le récit porte sur plusieurs points cruciaux de l'envers de l'histoire contemporaine : l'attentat, resté si mystérieux, contre le Pape en 1981, à Rome ; les raisons profondes de la décomposition et de la recomposition de l'ancien équilibre du Mensonge et de la Terreur ; la redistribution, partout accélérée, des pouvoirs occultes ; la montée générale de la corruption, du crime organisé et du tout-marchandise (à commencer par le marché de la reproduction mécanique des corps humains). Un homme parle : on le voit dans sa vie intime sans cesse menacée ; affronté à ses supérieurs et souvent soupçonné par eux ; tentant de survivre dans la guerre implacable du Renseignement ; dévoilant enfin, avec une conviction étrange, les ressorts du monde violemment antinaturel dans lequel nous sommes désormais jetés. Ph. S.
Philippe Sollers Livres
Philippe Sollers fut un écrivain et critique français dont l'œuvre offrit souvent contestation et provocation. Ses écrits explorèrent les complexités de la conscience humaine et la philosophie du langage. Figure centrale de la fermentation intellectuelle du Paris des années 1960 et 1970, Sollers s'entoura des principaux penseurs de son temps. Ses romans et essais demeurent remarquables pour leur profondeur intellectuelle et leur style distinctif.







Mouvement
- 272pages
- 10 heures de lecture
"Il y a deux sortes d'insomnies : celle de 3 heures du matin, et celle de 5 heures. À 3 heures, j'ai rendez-vous avec toutes les grandes catastrophes. Je marche nu, dans la neige, vers une chambre à gaz, je parcours les rues d'Hiroshima et de Nagasaki, au milieu des foules en désagrégation, je végète sans aucun espoir dans un camp de Sibérie, je tremble à Fukushima en plein tsunami nucléaire, je suis un chrétien d'Orient attendant d'être exécuté. Si je me réveille brusquement à 5 heures, tout est différent. À 5 h 15, la poésie existe, malgré un monde grouillant de folie."
Philippe Sollers : «Je n'ai jamais songé à me marier. Sauf une fois. Et une fois pour toutes. Cette aventure singulière, et très passionnée, méritait, je crois, d'être racontée en détail.» Julia Kristeva : «Nous sommes un couple formé de deux étrangers. Notre différence nationale souligne encore mieux une évidence qu'on se dissimule souvent : l'homme et la femme sont des étrangers l'un à l'autre. Or le couple qui assume la liberté de ces deux étrangers peut devenir un véritable champ de bataille. D'où la nécessité d'harmoniser. La fidélité est une sorte d'harmonisation de l'étrangeté. Si vous permettez que l'autre soit aussi étranger que vous-même, l'harmonie revient. Les «couacs» se transforment alors en éléments de la symphonie.» Du mariage considéré comme un des beaux-arts rassemble quatre dialogues (échelonnés de 1990 à 2014) entre Julia Kristeva et Philippe Sollers, à travers lesquels ils nous transmettent leur expérience d'écrivains et d'intellectuels engagés au regard de la rencontre amoureuse et du couple.
Trésor d'amour
- 213pages
- 8 heures de lecture
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Le Parc
- 154pages
- 6 heures de lecture
Une histoire dont on ne sait pas si elle est d'amour ou de mort ; trois personnages en fuite ; les échos d'une guerre en Orient ; une méditation avant la fin... Quelle est cette femme interdite, discrète ? Qui est ce jeune homme dont la vie est en danger ? Qui raconte, seul, dans une chambre, cette confession au bord de l'abîme ? Pas de grands mots ni d'événements spectaculaires. Tout se passe avec précision, de façon étouffée, feutrée. Et si la tragédie était là : dans le fait qu'il n'arrive jamais rien, que le vide ?
Femmes
- 672pages
- 24 heures de lecture
Kate, journaliste politique française ; Cyd, anglaise vivant à New York ; Flora, anarchiste espagnole ; Bernadette, dirigeante féministe ; Ysia, Chinoise attachée d'ambassade ; Louise, une claveciniste ; Deborah, la femme du narrateur... Telles sont les femmes. Le narrateur, un journaliste américain, nous dit tout sur elles, mais sa réflexion embrasse l'évolution du monde, ces dix dernières années : pouvoir féminin, érotisme, crise, terrorisme, idées et passions des intellectuels. Rien de plus actuel que ce vaste roman.
Le Cœur absolu - Texte intégral
- 464pages
- 17 heures de lecture
Le Cœur Absolu est une société secrète fondée vers la fin du vingtième siècle à Venise.Ses membres : S., écrivain, scénariste, spécialiste d'Homère et de Dante. Liv, vingt-sept ans, comédienne. Sigrid, son amie, philosophe. Marco et Cecilia, deux jeunes musiciens.Buts de cette société de plaisirs : la sortie du Temps, la vie comme féerie.Ses moyens : un langage, des comportements et des jeux qui sont révélés ici.Une de ses figures légendaires : Casanova.Ses lieux d'action : Paris ; une île en été ; une Italie dérobée et joyeuse ; - beaucoup d'autres personnages participant, plus ou moins à leur insu, aux opérations.
Comment vivre bien sans la beauté, sans la multiplicité des symboles et des significations qu'elle offre à nos méditations, à nos conversations ? " Des goûts et des couleurs on ne discute pas ", prétend la sagesse des nations... et pourtant, ajoutait Nietzsche, on ne fait que cela ! Sans doute, mais cependant pas depuis toujours... dans l'Antiquité, la question des critères du Beau ne se posait guère. L'œuvre d'art possédait une certaine objectivité, définie par sa capacité d'incarner à notre échelle les propriétés harmonieuses de l'Ordre du monde, du grand Tout cosmique. Elle s'imposait donc aux hommes comme un " microcosme ", doué de qualités incontestables. Le Moyen Age reconduira cette conviction que l'art a pour fonction de mettre en œuvre dans un matériau sensible une vérité supérieure et extérieure à l'humanité, celle de la splendeur des attributs divins. Il faut attendre le XVIIe siècle pour qu'advienne la " Révolution du goût " : l'idée qu'il existe au plus intime du cœur humain un sens du beau et que l'œuvre a pour vocation, non plus d'incarner une vérité, cosmique ou divine, mais de plaire à la sensibilité des êtres humains. Et c'est au XVIIIe siècle, sur fond de cette première laïcisation de la culture, que la philosophie de l'art prendra la forme d'une théorie de la sensibilité, d'une esthétique. L'œuvre n'apparaît plus comme le reflet d'un univers transcendant, mais comme une création de part en part réalisée par et pour les êtres humains. L'auteur et le spectateur, le génie et son réceptacle, deviennent ainsi les deux visages inséparables de cette subjectivisation de la beauté. C'est de cette singulière mutation, à l'origine de toute la culture moderne, que le présent livre tente de retracer l'histoire et de dégager les enjeux. Plus largement, il vise à éclairer nos débats actuels en les situant dans la perspective globale de la sécularisation du monde, de " l'humanisation du divin ".



