François Guéry Livres

La haine de classe a un fondement moral : le sentiment d'une injustice commise impunément, parce qu'invisiblement. La mise à jour du principe d'une société apparemment sans divisions, sans exclusive, ne peut se faire sans une violence faite aux apparences et même à l'idéologie dominante, qui a la vertu pour drapeau : elle proclame l'égalité de tous, la récompense du mérite, la liberté individuelle. Toute une conception expansive et émancipatrice fondée sur l'universalisme des droits de l'homme doit devenir l'objet d'une déconstruction soupçonneuse, afin de mettre à jour le secret de la prospérité de l'ensemble, secret qui tient à la négation intéressée du sort de quelques-uns, à leur sacrifice non dit. L'analyse faite par Marx de la pensée de Hegel a donc une certaine indignation pour base, l'indignation de sentir un penseur passer sur son propre embarras pour harmoniser malgré tout une société fondée sur cette secrète dysharmonie. Le texte de 1843 est au fondement des analyses économiques ultérieures, qui achèveront la déconstruction entamée ici.

La volonté de puissance est pour Nietzsche une doctrine révélée : c'est la vie elle-même qui la révèle à Zarathoustra dans le deuxième livre, au chapitre "Du dépassement de soi-même". Ce premier secret de la volonté de puissance est décisif pour la suite, surtout dans le contexte de la querelle autour de l'existence même d'une telle doctrine. C'est en réalité la question de la volonté de vérité qui appelle cet effort de mise en forme, à une époque où Nietzsche lutte contre toutes les formes de scientisme, historicisme compris. La juste appréciation de la volonté de vérité forme le motif général de ce deuxième livre, où le secret de la vie constitue l'épisode marquant d'une bataille contre les faussaires du vrai. En traduisant et commentant neuf chapitres de ce livre, entourant ce chapitre essentiel, on cherche à restituer le véritable enjeu nietzschéen du conflit entre puissance et vérité, après l'effort de Heidegger dans son Nietzsche II, centré sur les mêmes passages.

En traduisant et commentant neuf chapitres de ce livre, entourant le chapitre essentiel "Du dépassement de soi-même" l'auteur cherche à restituer le véritable enjeu nietzschéen du conflit entre puissance et vérité, après l'effort de Heidegger dans son "Nietzsche II", centré sur les mêmes passages