Le pervertissement totalitaire
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Depuis le cinquantenaire du procès Eichmann, de nombreuses publications ravivent la polémique de 1963. On suppose qu'Arendt, trompée par l'apparence d'Eichmann, aurait dressé le portrait d'un bureaucrate terne obéissant aux ordres. Cet ouvrage examine ces arguments et les faux débats autour de la notion de banalité du mal, souvent déformée par ses détracteurs et ceux qui tentent de l'adopter. L'expression "banalité du mal" ne suggère pas une banalisation du génocide des Juifs, mais plutôt sa neutralisation par le banal, révélant une dimension constitutive de sa monstruosité criminelle. Pour comprendre son enjeu, il est essentiel de contextualiser son efficacité meurtrière par rapport au pervertissement totalitaire. Ce dernier transforme la loi au sens politique, juridique et moral, pervertissant l'aspiration éthique et produisant une "spontanéité organisée". Cela donne lieu à des criminels sans culpabilité, dont l'idéalisme se manifeste par un jusqu'au-boutisme meurtrier, revendiquant leur criminalité extrême comme un devoir sublime. La force de la réflexion d'Arendt réside dans son refus de renoncer à la liberté humaine et à la responsabilité individuelle, cherchant à élaborer les conditions de cette responsabilité même dans des situations où elle semble disparaître.
