Hannah, pour moi, ce fut d'abord une rencontre. Le hasard fait parfois bien les choses - ou le destin - qui malgré un personnage et un écrivain face à face et attend le temps qu'il faut pour que le mystérieux mariage s'accomplisse et que le roman naisse... Pour Hannah, ce fut le coup de foudre ! A l'origine, je cherchais une femme et l'occasion se présenta à moi de feuilleter des documents concernant la vie étonnante, et peu connue du grand public, d'Helena Rubinstein. Etonnante est bien le mot car très vite cette lecture m'inspira, presque à mon insu, un personnage bien différent, une héroïne de roman, irrésistiblement vivante et autonome, piaffant déjà de cette terrible impatience qui la caractérise entre autres... C'était Hannah, obsédante et royale. Hannah debout, petite juive de sept ans, seule au milieu des flammes qui ravagent les pauvres maisons de son village pillé, saccagé par les Cavaliers de la Mort qui ont tué son père, son frère. Hannah qui ne pleure pas et dont les poings se serrent. C'est en 1882, et ce village je le connais pour l'avoir tant entendu raconter dans mon enfance, parce que mes ancêtres justement y ont grandi. Hannah qui, ce jour-là, avait vibré d'amour pour un garçon de son âge, jeune dieu indifférent et cruel à qui maladroitement elle avait offert son coeur. Hannah ne sera plus jamais maladroite, et le combat qu'elle va mener pour parvenir au sommet de la réussite, je l'ai vécu pas à pas avec elle. Amoureux comme tous ceux qui l'ont côtoyée, de Sydney à Londres et de Vienne à Paris, j'ai tremblé pour elle et j'ai chanté ses victoires. D'Hannah qui ne m'appartient pas parce qu'elle est indomptable, je vous confie aujourd'hui l'histoire, en souhaitant qu'elle vous plaise autant qu'elle m'a troublé… Paul-Loup Sulitzer
